Notre histoire

Illustration du Baron Pierre Daniel Jullien de SaumeryLe Baron Pierre Daniel Jullien de Saumery a 19 ans lorsqu’il arrive en 1880 à St Pierre de la Martinique pour y travailler en tant que commis des douanes. Il fonde rapidement sa maison de commerce spécialisée dans l’import-export puis investit dans des plantations de canne, banane et café à Haïti et en Guadeloupe. On lui doit en 1894 un traité économique sur la Guyane et de nombreuses études sur le potentiel de la banane Antillaise à l’exportation.

 

Au tout début du 20ème siècle, après avoir vu ses exploitations brûlées par des ouvriers en colère ou détruites par les cyclones, il envisage de cultiver de l’hévéa en Afrique, avant de finalement se raviser et créer en 1908 avec 5000 francs de l’époque la Compagnie Antillaise qu’il installe sur les terres du Gros Morne avec pour objet la culture et la fabrication de conserves d’ananas ainsi que de goyaves et autres fruits « coloniaux ».

 

Il constitue un domaine de plus en plus vaste, initiant véritablement à partir du Gros Morne le démarrage de la culture organisée de l’ananas à la Martinique qui trouvera sa consécration par l’inauguration en 1921 de la conserverie « la Denelle », qui est encore aujourd’hui notre usine de production et un des plus anciens sites industriels de l’île en activité.

 

 

Photo Jacques VauzangesL’entreprise survit quelques années à la mort du Baron en 1923, avant de changer de main, et de nom (elle devient l’Ancienne Compagnie Antillaise). Son nouveau propriétaire, Jacques Vauzanges, va franchir une nouvelle dimension en organisant la filière ananas, regroupant en association des conserveries concurrentes et créant une structure commune de distribution en métropole pour alimenter le marché Français.

 

En 1930, l’usine produit 1 million de boite d’ananas en tranches et couvre 10% de la consommation Française. Dans la foulée de ce succès, et alors que le marketing commence à apparaître dans les entreprises, il faut trouver une marque pour les produits. Ce sera « Royal » en hommage à la couronne du fruit et à la description qu’en faisait le Révérend Père Dutertre au 18ème siècle (l’ananas, le roi des fruits et le fruit des rois).

Un temps à l’arrêt durant la seconde guerre mondiale, l’entreprise passée aux mains de la famille Huyghues Despointes, connaît une certaine prospérité jusqu’à l’ouverture dans les années 60 du marché Français de la conserve d’ananas aux pays Africains nouvellement indépendants.

 

Malgré le début d’une diversification agricole vers la goyave, la mangue ou le tamarin, malgré la réorientation de l’activité industrielle vers les jus de fruits et les confitures, malgré l’implication de toute une génération de travailleurs Gros Mornais, la dépendance à la conserve d’ananas et à son coût de production élevé reste trop forte et le secteur connaît une lente descente aux enfers. La plupart des conserveries disparaissent et il n’en reste que deux au début des années 1980 : L’Ancienne Compagnie Antillaise qui a changé son nom en Royal SA et la Socomor, basée au nord de la Martinique qui a également entamé une diversification vers les jus de fruits en créant la marque Mont Pelé.

 

Les difficultés de Royal entraînent l’arrêt définitif de la conserve d’ananas en 1992 pour se recentrer complètement sur l’activité de production de jus de fruits et de confiture.

Les innovations fusent : les briques avec bouchon, les cubitainers pour le jus, les bocaux de verre pour la confiture, autant de conditionnements modernes qui remplacent avantageusement les anciennes boîtes de conserve.

En même temps, l’usine s’engage avec quelques agriculteurs visionnaires dans une filière pérenne de culture de goyave pour la transformation. Les 7 agriculteurs du départ sont aujourd’hui 40 et permettent 25 ans plus tard à l’entreprise d’être autosuffisante en approvisionnement de goyaves Martiniquaises.

Le rachat de Royal en 1998 par le groupe Antilles Glaces, leader de l’industrie agro alimentaire aux Antilles Guyane donne une nouvelle dimension à l’entreprise. Des moyens financiers sont mis à disposition pour moderniser l’outil industriel. L’acquisition des concurrents Mont Pelé et Dormoy et la relocalisation de leurs activités au Gros Morne, permettent de mieux amortir les coûts de d’une entreprise qui change encore une fois de nom pour s’appeler Denel du nom donné par le Baron à la conserverie en 1921.

 

A partir des années 2000, le site est modernisé, de nouveaux équipement sont acquis, un atelier de première transformation de fruits tropicaux est mis en place, un dépôt quadruplant la surface de stockage initiale doit permettre d’assurer la croissance de l’entreprise vers de nouveaux défis.

Les agriculteurs Martiniquais sont de plus en plus sollicités et répondent présents pour alimenter l’usine des 2000 tonnes de fruits dont elle a besoin.

Parallèlement, l’action est mise sur un meilleur respect de l’environnement avec l’installation d’une station d’épuration, avec le traitement en compost des déchets de fruits. Le patrimoine foncier de l’usine est exploité en agriculture biologique ou certifié en Haute valeur environnementale. Des diversifications sont menées par la mise en place de nouvelles gammes de produits issues de l’agriculture biologique.

 

Aujourd’hui l’entreprise, véritable patrimoine de l’industrie Martiniquaise continue à développer avec des agriculteurs de nouvelles filières de diversification en s’appuyant sur l’héritage du Baron qui faisait déjà en 1908 de la goyave et l’ananas les piliers de l’entreprise qu’il ambitionnait de développer.